Munich : presque un nom commun, depuis qu’en 1938 Français et Britanniques ont capitulé devant Hitler prétendument pour sauver la paix, laissant en réalité le champ libre à l’hydre nazie en Europe. Mardi dernier ce fut un « Munich » des valeurs européennes auquel on assista à l’occasion du match Allemagne-Hongrie de l’Euro de football. Mais cette fois la belle Bavaroise n’a pas capitulé. En revanche, ce sont les autorités du football européen qui se sont couchées devant les vociférations homophobes du Premier ministre hongrois instaurant dans son pays un ordre moral qui, entre autres, s’en prend ouvertement aux personnes homosexuelles. L'idée était venue de la municipalité de la capitale bavaroise, pour envoyer un signe visible de solidarité avec la communauté LGBTI de Hongrie après la récente adoption d'une loi interdisant la « promotion » (sic) de l'homosexualité auprès des mineurs, d'illuminer le stade qui accueillait le match entre l'Allemagne et la Hongrie, aux couleurs de l’arc-en-ciel. Sous prétexte de neutralité, l’UEFA n’a pas permis que les Munichois arborent les couleurs arc-en-ciel dans leur stade.
Alors qu’en France beaucoup d’efforts sont faits dans les milieux sportifs, y compris dans les kops des clubs de foot, pour éradiquer les expressions racistes et homophobes, la violence tant physique que verbale, voilà que sous prétexte de neutralité un nouveau « Munich » a lieu. Il n’y a d’ailleurs pas que la Hongrie : la Pologne voit augmenter de façon inquiétante le nombre d’actes homophobes et la parole politique n’y est plus bridée. Ce n’est pas faire acte d’ingérence dans un pays souverain que de critiquer ses dirigeants, dès lors que, membre de l’Union européenne, il se rend coupable de bafouer les valeurs même qui fondent l’Europe. Le président slovène de l’UEFA prétend que son mouvement est neutre. Or ce football qu’il promeut, n’en exalte-t-il pas les valeurs de fraternité, d’amitié entre les peuples quand cela l’arrange, surtout du côté de l’argent que cela rapporte ? Notre université est une grande université sportive. Nos étudiants récoltent partout en France et en Europe de beaux trophées. Les valeurs que promeut notre université sont celles de l’humanisme, de la rencontre, de la diversité voulue et assumée. À l’Unistra, nous sommes de plus en plus sensibilisés, et actifs, dans la lutte contre les violences sexistes, sexuelles et homophobes sur notre campus. À nos étudiants de construire cette Europe ! Entre Strasbourg et Munich, le même idéal européen. Un drapeau bleu étoilé sur lequel se déploie un arc-en-ciel qui va jusqu’en Hongrie.
Michel Deneken
Président de l'Université de Strasbourg